Il advint une fois
Dans un petit village
Que maître charpentier
Vint a s'absenter.
Il avait laissé là
Tous ses outils bien sages
Mais dès qu'il eut l'dos tourné
Ils se mirent à s'animer.
Groupés sur l'établi
Ce fut le grand conseil
Là où les mots s'envolent
Aux accents passionnés
Et c'est jusqu'au mépris
D'une voix sans pareil
Que les plus dures paroles
Se sont mises à fuser.
Il faut exclure la scie
Avec son ton grincheux
Qui débite à tout va
De ses dents acérées.
Et que s'en aille aussi
Le rabot pernicieux
Epluchant tout en soi
D'la personnalité
Qu'on renvoie le marteau
Il nous tape sur les nerfs
Ses coups répétitifs
Deviennent assommants
Et les clous sont de trop
Toujours la tête en l'air
Pointus et incisifs
Ils sont parfois blessants.
Oui que partent premières
La râpe et la lime
Les rapports avec elles
Sont frott'ments incessants.
C'est comme le papier d'verre
Tout c'qu'il touche il abime
Pour froisser il excelle
Qu'il s'en aille sur le champs
Qu'il s'en aille … oui qu'il s'en aille
Qu'il s'en aille … oui qu'il s'en aille
Ils discouraient ainsi
Parlant tous à la fois
S'accusaient mutuellement
Des pires calomnies.
Et la porte s'ouvrit
Le charpentier entra
Alors subitement
Cessa le moindre bruit.
Et de ses doigts habiles
Prit la scie le rabot
Et ainsi tour à tour
Chacun des autres outils.
Et devenant dociles
Au-delà des défauts
Portés par tant d'amour
Ils se trouvèrent unis.
Alors le charpentier
Fabriqua un berceau
Dans du bois d'olivier
… Pour accueillir la vie
Pour accueillir… LA VIE.
Texte inspiré d'une saga suédoise