1.
Ce monde que Dieu fait
En « faisant se faire les choses »,
Voici qu’il naît sous nos regards :
Son corps frémit de toute part,
Des vies s’éveillent par milliards,
Fragiles et belles comme roses.
Heureux jardin aux fleurs écloses
Avec des voix qui rendent grâce.
2.
Ce monde a ses secrets
Révélés au rythme des siècles,
Avec parfois de plus grands pas.
Il est tendu vers l’Oméga
Où l’univers découvrira
La Source unique des merveilles.
Jardin promis à des lumières
Sur le versant de l’invisible.
3.
Ce monde se défait
Aux dépens des choses qui passent.
La mort éteint les chants de joie,
Tout être tombe sous son dard
En espérant que ce départ
Ne mène pas vers une impasse.
Obscur jardin qui nous dépasse
Avec son fleuve de souffrances.
4.
Ce monde où Dieu se tait
En laissant nos cris sans réponse
Peut-il encor nous étonner ?
La longue nuit d’un ciel fermé
À tant d’humains désemparés
Pose sur nous sa chape d’ombres.
Jardin brûlé où rien ne monte
Pour donner sens à nos attentes !
5.
Ce monde est-il le fait
D’un Dieu fort aux mains secourables ?
Pourquoi la terre aux bains de sang,
Pourquoi la mort de l’innocent,
Le viol des femmes et des enfants,
Les holocaustes à tous les âges ?
Cruel jardin qui nous condamne
À dépasser nos évidences !
6.
Ce monde est pourtant fait
De soleils où Dieu tient sa place.
Son Verbe est là qui dit la vie ;
Heureux le coeur qui l’a compris,
Un nouveau souffle l’envahit :
Notre aventure a bien une âme!
Jardin marqué par quelques traces
Du Fils de l’homme en Palestine.
7.
Ce monde se refait
Par l’Esprit du Dieu qui fait vivre
Et qui engendre des printemps,
L’amour enflamme des vivants,
Nos yeux se portent vers l’avant
Car des étoiles se dessinent ;
À l’horizon l’aurore brille,
Le monde marche vers sa Pâque.