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À peine est-elle rentrée de Jérusalem

(Debruynne/Ada/ADF-Musique-Cci-Cca)

– À peine est-elle rentrée de Jérusalem qu’Ortolane
attend un enfant. Malade d’angoisse, elle s’entend
révéler que l’enfant qu’elle porte en elle sera une
grande lumière pour un grand nombre.
À la fin du printemps de onze cent quatre-vingtquatorze,
Ortolane donne le jour à son premier
enfant : c’est une petite fille.

– Le noble chevalier Favarone degli Offreduccio fait
baptiser son premier enfant sur les fonds
baptismaux qui sont aujourd’hui à Saint Rufin.

- Quel prénom avez-vous choisi pour votre enfant ?
- Claire
- Que demandez-vous pour Claire ?
- Le baptême
Claire
Claire comme le jour
Claire comme l’Amour
Claire comme la Lumière
Claire comme le regard au fond des yeux
Claire comme l’eau de la rivière
Claire comme le bleu du fond des cieux

- Je te baptise Claire,
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Quelques mois plus tard, la nuit de la Saint Jean,
quinze évêques sont autour de ces mêmes fonds
baptismaux pour accueillir un autre nouveau-né
qui reçoit le nom de Frédéric et qui deviendra
empereur sous le nom de Frédéric II.
Douze ans plus tôt, toujours à ces mêmes fonds
baptismaux, Pierre Bernadone, marchand
“drapiste” portait son fils Jean : Jean-Baptiste. Mais
comme ce “drapiste” faisait surtout le commerce
de drap avec la France et qu’il avait ramené de ses
voyages le goût de la France, en même temps que
le goût des écus ; il se plaisait à appeler son garçon
du surnom de François : français, à ce temps-là se
prononçait François.
C’est ainsi que Jean-Baptiste commença à devenir
François d’Assise.

– Claire aura bientôt une petite soeur, Catherine
suivie de Béatrice, la petite dernière. Ortolane
élève ses trois filles et les instruit ? Il n’est pas alors
d’école pour les filles.
Ortolane apprend à lire à ses filles. Elle leur
enseigne l’écriture et Claire aura un bien joli style
aux phrases fort bien tournées. Ortolane prépare
aussi ses filles à tenir une maison et c’est vrai que
Claire en aura une à diriger… Claire apprend à
compter pour pouvoir tout donner sans compter.
Ortolane fait de l’éducation comme une
horticulture : et de cette manière, en faisant un joli
jeu de mot entre “horticole” et “ortolane”, elle
gardera ce surnom : on l’appellera Ortolane la
Jardinière.

– Claire grandit ainsi entre sa maison et l’église Saint
Rufin qui lui est mitoyenne.
Rien ne pourrait alors la distinguer des autres
petites filles riches et nobles de cette époque à
Assise. Claire compte ses “Notre Père” et ses “Je
vous salue Marie” avec des petits cailloux, ainsi
que le font les autres petites filles. Comme les
autres, elle se prive de douceurs pour les petits
pauvres… autant de choses que les petites filles
bien élevées apprenaient alors et qui pour autant
ne les menaient pas à la sainteté.
L’enfance de Claire comme celles de beaucoup
d’enfants, pourrait bien être une comptine heureuse.