1
J’viens d’laisser à la porte
Mon numéro d’écrou
Deux mille six cent vingt-trois
Ça fait deux ans qu’j’attendais c’moment-là
Tout ça pour un camion
De vieux tuyaux de plomb
Piqué sur un chantier
Je m’suis r’trouvé tout seul,
Les autr’s s’étaient tirés
Fait encore noir dans les rues,
j’suis glacé
Je n’ai que l’costume d’été
Que j’portais lorsque je suis entré
Ça f’ra longtemps, le dix Juillet
Qu’j’attends de pouvoir t’embrasser
MAIS CE MATIN JE TE REVIENS
TU M’ENTENDS BIEN JE TE REVIENS
2
Le courrier censuré
Mes dents qui pourrissaient
La menace du mitard
Pour un rien, les matons
qui t’suppriment le parloir
La nuit, ils f’saient la fouille
Fallait rester tout nu
on était plus des hommes
Y’en a qui sont salauds
quand ils portent l’uniforme
J’crois bien que j’ai payé
Tout ce que je devais
Mais quand on sort d’ici,
on a jamais fini d’payer
Je s’rai plus jamais comme avant
J’aurai toujours dans l’dos un surveillant
3
J’en ai vu qui s’pendaient
Des jeunes qu’on a violés
D’autres qui s’ouvraient les veines
C’est vrai qu’on s’laisse aller
Quand plus personne vous aime
Quand j’regardais le ciel
au-d’ssus de la centrale
Même quand il était bleu,
j’le voyais toujours sale
Le seul espoir qu’j’avais, c’était toi
Il m’semble que j’ai payé deux fois