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Sur le clavier de ton piano

(Mutin/Akepsimas/ADF-Musique)

Élisabeth, toi mon amie,
Elle est pour toi, ma poésie.
Dans ma maison : une guitare
Et la musique de mes mots.
Dans ta maison, pas de cithare,
Mais la chanson d’un vieux piano.
Toute ta vie fut concert… tôt.
Rappelle-toi, tu as huit ans,
En quelques mots s’écrit l’histoire :
Cours de piano, Conservatoire !
Huit heures par jour, tes mains s’entraînent :
Et la beauté qui se déchaîne !

DÉJÀ PLUS LOIN, DÉJÀ PLUS HAUT,
TU NOUS EMPORTES EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DE TON PIANO.

Au grand théâtre de Dijon,
Trois mois avant tes quatorze ans,
Élisabeth, toi la pianiste,
Tu interprètes Monsieur Franz Liszt ;
Tu as donné devant Fauré
La rhapsodie numéro deux :
Quand tu jouais, c’était pour Dieu.
Alors bien sûr, on le sentait,
Et tous les gens applaudissaient.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS
PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DE TON PIANO.

Sur le piano de tes quinze ans,
Quelle puissance dans ton jeu !
Dans la sonate en ré mineur
Tu te promènes chez Schumann,
Non, tu n’es pas superwoman,
Mais de l’Amour tu es géante,
Et quand tu joues, c’est Dieu qui chante.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DE TON PIANO.

Et puis un jour, tu joues Chopin,
Tu te promènes en ses ballades,
Le jour se lève pour une aubade.
Rappelle-toi, quand tu jouais
A la maison, pour tes amies,
Sur le clavier tes doigts glissaient
Comme un ruisseau sur les galets
Et tes amies se régalaient
En écoutant tes harmonies.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DE TON PIANO.

Tu te souviens, sans aucun doute,
De ce grand jour, de ce deux août,
Eté de l’an mille neuf cent un !
C’est ton entrée au vieux carmel.
Tu viens d’avoir vingt-et-un ans.
T’as dit au-revoir à ton piano.
Derrière les murs de ton carmel
Tu n’entends plus que son écho
Quand il résonne dans ton coeur
Aux harmonies de ton Seigneur.
Plus de piano ! Mais tes doigts
courent Sur le clavier de ton Amour.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DU DIEU TRÈS-HAUT.

Dans le secret du monastère,
Tu plongeras dans la Lumière :
Déjà ton coeur est dans le ciel.
Dans le silence du carmel,
Tu reçois Dieu et son sourire,
Ton coeur se tient comme une lyre
Sous le doigté de l’Esprit Saint.
C’est le plus beau Conservatoire :
Tu deviendras Louange de Gloire.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DU DIEU TRÈS-HAUT.

Cinq ans - trois mois au monastère,
Tu as gardé les pieds sur terre,
Alors que moi je rêve encore :
Ton vieux piano, où est-il donc ?
En quel endroit ? Dans quel décor ?
Si aujourd’hui ton piano dort
Dans un salon ou un grenier,
Je voudrais bien le réveiller.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
EMPORTE-NOUS EN UN DUO
SUR LE CLAVIER DU DIEU TRÈS-HAUT.

Où est-il donc, ton vieux piano ?
Il est peut-être au Paradis !
Dis-nous, au ciel joues-tu encore ?
Et pourquoi pas à quatre mains
Avec Schumann, ou bien Chopin ?
Le chant des saints n’est que louange !
Je crois entendre ton piano
Accompagner le choeur des anges.

TOUJOURS PLUS LOIN, TOUJOURS PLUS HAUT,
ENTRAÎNE-NOUS VERS LE SEIGNEUR
SUR LE CLAVIER DE SON BONHEUR.