Prends cette main que je tends vers toi
Père qui veille sur ma route :
Garde-moi bien dans le creux de ta main,
Comme repose dans la mienne ton pain.
Nous étions seuls accablés de tristesse
Sur le chemin vers Emmaüs.
Au soir tombant, grandissait notre angoisse,
Quand l'inconnu nous a rejoint.
« Pourquoi marcher le regard vers la terre ?
Vous n'avez pas encore compris
Que le Messie, traversant vos misères
Vous ferait libres comme lui. »
Plus il parlait, plus nos cœurs tout en flammes
Sentaient monter une clarté :
« Reste avec nous, car le soir est tout proche :
La nuit descend : mange avec nous. »
Quand l'Etranger eut brisé notre miche,
Alors nos yeux l'ont reconnu :
Il disparaît, mais c'est bien lui encore,
Que nous tenons dans notre main.