LE CANTIQUE DU PAIN
La boulangère en son logis pieux, avril venant, reçut le grain de Dieu.
L’a mis à l’ombre en son humble grenier, l’a serré là pendant neuf mois entiers.
« FAITES-NOUS LE PAIN, MARIE, Ô MARIE !
FAITES-NOUS LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM. »
La boulangère a pris un long chemin pour s’en aller à la maison du pain.
Pour le pétrir elle a peiné de nuit, l’a mis au monde environ la minuit.
« CUISEZ-NOUS LE PAIN, MARIE, Ô MARIE !
CUISEZ-NOUS LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM. »
L’a cuit trente ans au feu de sa maison, à la chaleur de sa belle saison
A la douceur de son cœur le plus doux, le tendre pain, le pain blond, le pain roux.
« PORTEZ-NOUS LE PAIN, MARIE, Ô MARIE !
PORTEZ-NOUS LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM.
Après trente ans, l’ayant du four ôté, son fils unique en ville l’a porté
A tous les gens affamés d’alentour, le pain nouveau, le pain tout chaud d’amour.
« SERVEZ-NOUS LE PAIN, MARIE, Ô MARIE,
SERVEZ-NOUS LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM ! »
Pour trente sols le marchand l’a vendu.
Pour trente sols mille dents l’ont mordu
Au grand repas qui fut un vendredi
Servi pour l’homme à l’heure de midi.
« LIVREZ-NOUS LE PAIN, MARIE, Ô MARIE !
LIVREZ-NOUS LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM. »
Mais quand l’a vu meurtri, rompu, détruit
Le pain vivant qu’elle avait fait de nuit,
Comme un agneau par les loups dévoré,
La boulangère en grand deuil a pleuré.
« PLEUREZ SUR LE PAIN, MARIE, Ô MARIE,
PLEUREZ SUR LE PAIN, CAR NOUS AVONS FAIM. »
Et vint le jour de Pâques où tout fleurit, printemps annonçant la moisson qui mûrit
Germe du pain de toute Eucharistie, pain de Marie, pain de Dieu, donnant vie !
« CHANTEZ SUR LE PAIN, MARIE, Ô MARIE !
CHANTEZ SUR LE PAIN, NOUS EN AVONS FAIM ! »
Paroles : Marie Noël / Florin Callerand
Musique : Communauté de la Roche d’Or
© 2016 Éditions Roche d’Or