1
Quand nous décamperons sans tambour ni trompette,
Plus nus que sommes nés sans bagage et sans rien,
Quand la rouille et les vers joueront de nos squelettes
Nous sonnerons tous seuls aux grilles du jardin.
Qu'importe !
Elle a cloué la mort aux bois
La main de Dieu qui ouvrira
Les portes.
2
Nous qui aurons collé notre ventre à la terre
Serons tout en lambeaux, cabossés de partout
Et d'avoir tant dormi au lit des cimetières
Nous aurons notre peau piquée de mille trous.
Qu'importe !
Elle aura de la glaise aux doigts
La main de Dieu qui ouvrira
Les portes.
3
Nous tiendrons-nous debout, cloche-pied ou béquilles,
Comique épouvantail et pantin disloqué ?
Et d'avoir tout perdu pour quatre sous qui brillent,
Nos pauvres mains seront comme paniers percés.
Qu'importe !
Une blessure rougira
La main de Dieu qui ouvrira
Les portes
4
Tristes oiseaux plumés aux lampions de nos fêtes,
Carcasses de matin sans grimace ni fard,
De n'avoir su pleurer, nous baisserons la tête,
Nous aurons grande envie et honte de te voir.
Qu'importe !
Des larmes d'hommes brilleront
Aux yeux de Dieu quand s'ouvriront
Les portes !