1
Nous ne sommes pas si malins…
Juste bons à garder nos bêtes !
Mais nous avions le cœur en fête
Quand notre nuit se fit matin !
À force de scruter les soirs
Où mettent bas les jeunes mères,
Nos yeux se font à ces lumières
Qui vous arrivent d'autre part.
2
À force de ne dire mot
Dans le silence des collines,
Nos oreilles se font plus fines
À discerner les bruits d'en-haut !
Qui donc nous a parlé de Paix
Et d'un Enfant roulé de langes ?
Vous dites qu'il n'y a pas d'anges ?
Appelez ça comme il vous plaît…
3
Mais ne refusez pas à Dieu
Le droit de signaler sa Gloire
En se servant de nos mangeoires
Et d'une chanson dans les cieux !
L'Ange avait dit : « C'est l'Envoyé »,
Et nous étions saisis de crainte.
Quand la clarté se fut éteinte
Il ne restait qu'à y aller…
4
L'Ange avait dit : « c'est le Sauveur ! »
Quand il nous prit dans sa lumière.
Nous avons vu, pauvre misère !
Un qui n'avait rien d'un Seigneur !
Nous l'avons vu emmailloté !
Des bergers ne sont pas aveugles !
La « grande joie de tout le peuple »,
Nous ne l'avons pas inventée…
5
Nous avons vu tenant l'Enfant,
La Vierge lue dans le Prophète ;
Elle inclinait un peu la tête,
Sa joie était toute au-dedans
Pas besoin d'anges dans les airs
Pour témoigner de la nouvelle :
Le feu qui brûle au profond d'elle
En dit bien plus que leurs concerts !